Silence - 2016, Martin Scorsese (critique avec spoils)

 

 
SYNOPSIS : XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.

Comme Mel Gibson, Martin Scorsese est catholique. (Une critique viendra sur Hachsaw Ridge quand celui ci sortira en DVD/Blu-Ray).

Bien qu'il considère que la religion se pratique à travers les films, Scorsese évoque - près de 30 ans après avoir provoqué le scandale avec La Dernière Tentation du Christ (1988) - de nouveau le thème de la foi dans Silence.

En lisant l'histoire de Rodrigues et son rapport à la religion, le réalisateur de 74 ans s'est interrogé sur son cas de conscience et sur le fait de renoncer ou non à sa foi. Scorsese s'est donc demandé comment rendre cela cinématographique. 

Pour cela, il a donc eu beaucoup de difficultés pour se rendre sur les décors perdus en pleine nature et très isolés. Et a du suivre à la lettre les conseils du spécialiste des us et coutumes des samouraïs, car le cinéaste tenait à une exactitude totale dans la façon dont ils étaient représentés.

Le réalisateur dit très justement "Des jésuites asiatiques m’expliquaient que, certes, les Japonais ont fait souffrir des missionnaires physiquement, mais que ces derniers étaient brutaux dans leur façon d’asséner ce qu’ils estimaient être la vérité. C’est le prix de cette arrogance que payent les héros de Silence. Ils apprennent durement la leçon." (interview 20 minutes)

 

Scorsese n'a pas voulu rendre la violence glamour comme le faisait Sam Peckinpah ou comme il l'a fait lui-même pour Raging Bull, mais en la montrant de la façon la plus réaliste possible.

Andrew Garfield, qui se révèle de plus en plus à chaque film, a pris son personnage à bras-le-corps. Au point de passer trente jours chez les jésuites pour une forme de retraite. Les exercices spirituels qu’il a pratiqués lui ont permis de se projeter dans le rôle et ressentir dans sa chair ce qu’avait vécu ce prêtre persécuté.

D'ailleurs, celui ci livre une prestation toute en mesure, mais tellement éblouissante et poignante, qu'il pourrait bien - et ça n'engage que moi - être le gagnant de l'Oscar du meilleur acteur cette année ! (Bien que celui ci soit nominé pour Hacksaw Ridge) 

A gauche dans Hacksaw Ridge 

 

A droite dans Silence 

Les Japonais sont d'une violence rare, à tel point que ça en est bouleversant...

En allant jusqu'à bruler les corps pour ne pas qu'ils soient inhumés, car le Japon est un peuple qui rejette Dieu. Au XVII siècle, les Jésuites propagen la morale de Dieu dans ce pays, alors que sa culture rejette toutes formes de culture chrétienne.

Le père Ferreira, interprété par Liam Neeson, a renoncé à Dieu pour sauver sa foi. Pour sauver combien de frères ?

Et Rodrigues ? Ecoutera t-il le Silence de Dieu ou apostasiera t-il pour sauver la population japonaise chrétienne persécutée ?

Et c'est là ou je voulais en venir. Qu'à voulu dire Martin Scorsese en montrant la torture des Japonais envers les catholiques pour leur faire avouer leur religion ?

S'ils avouent, ils sont brûlés ou noyés sur le champ et sont donc martyres. S'ils annoncent ne pas y croire, ils doivent donc piétiner une icône ou encore cracher sur une croix tendue par leurs tortionnaires.

Ce qui m'a gêné, ce n'est pas le fait que le film soit long (1ère heure longue à la mise en situation) mais le simple fait de devoir apostasier pour (se) sauver, alors que la foi signifie la croyance que l'on a en Dieu et qu'on est près à mourir pour lui. Mais ce serait présomptueux de penser que l'on serait capable d'être martyr aujourd'hui.

P.S.: Cependant, j'aimerais juste savoir ce que les spectateurs qui n'y croient pas pensent de ce film, si ce n'est faire réfléchir... 

 

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